publié le 05/02/2014

Hermès - Ateliers d'art 

 
La Galerie Joseph, la semaine dernière, accueillait une exposition bien particulière : les portes ouvertes des Ateliers d'Art de Hermès. La grande maison si française avait en effet importé depuis Lyon une partie de son savoir-faire jusque dans le Marais pour permettre aux journalistes parisiens de venir prendre quelques cours de techniques textiles ancestrales et innovantes. Car l'enseigne Hermès, aussi fidèle aux traditions soit-elle, ne cesse d'envisager l'avenir, comme une immense tenture hybride piquée de led le prouve. Premier ouvrage fruit de 4 ans de recherche et parsemé de lumières, le tissu est si parfaitement tissé de fils électriques que rien ne paraît au toucher. 

 
Mais même si la technologie est impressionnante, en cette époque où tout va si vite et où on se lasse si promptement, ce qui est le plus marquant, reste l'infinie patience des artisans textiles, capables de rester de 600 heures à une année durant sur le même motif. L'image de la graveuse, penchée sur sa table lumineuse et ses Rhodoïds - une planche par couleur, soit jusqu'à 46 pour un carré Hermès - en train de noircir couleur par couleur le motif à imprimer, reste gravée dans nos esprits aussi sûrement qu'avec l'encre de Chine qu'elle utilise. "Je dessine en noir et blanc mais je pense en couleurs". Ou la tisseuse qui jette son crin de cheval sur des pics de métal pour le brosser. Ce sont des images qui sont issues d'un autre temps, dont Hermès a hérité et qu'il est essentiel de comprendre pour qu'à notre ère hyper numérisée on ait conscience que certains gestes sont éternels et irremplaçables. Les dosages de teintures à l'oeil, la pression nécessaire à l'impression, la rapidité et la précision d'un coup d'aiguille sont autant de savoirs précieux et hypnotiques qui nous sont racontés ici. Et surtout, la fierté de ces artisans de perpétuer des gestes savants et d'apporter, chacun leur tour, leur participation à l'objet de luxe. 

Cette démarche de transmission, à travers cette immense maison, a beau être empreinte d'un certain air du temps, elle n'en est pas moins primordiale pour que l'on prenne conscience de ces savoir-faire qui se sont adaptés parfois, mais qui perdurent depuis près de 300 ans pour certains. 

Et pour que le luxe soit regardé avec les yeux qu'il mérite. 

Inès Carratié

Photographe Nathalie Malric

Tags: Hermès, savoir-faire textile, ateliers d'art, carré Hermès, Lyon, soyeux lyonnais, artisanat, led, Peut-être magazine